Apprendre à diriger son équipe en affirmant son autorité sur le genre animal…  Encore une invention de consultants en quête d’idées originales, voire un peu décalées, qui ne laissera d’impérissable que le vague souvenir d’une après-midi champêtre… Certes, le terme "management’’ puise ses origines du terme équestre italien "maneggiare’’ qui signifiait "mettre le cheval en main’’. Mais par pitié, que le rapprochement s’en tienne à la sémantique et laissons donc les équidés aux écuries quand il s’agit de s’interroger sur les subtilités des relations en entreprise !

Eh bien, ce serait sans doute une grave erreur. Un aveuglement de béotien cloîtré dans ses certitudes étriquées. Une assertion d’handicapé des émotions (emotional cripple dirait Martin Sheen ou encore Madonna; le premier dissertant sur son propore fils, la seconde sur les ravages de la notoriété sur le genre humain…) Et comme ce serait dommage… L’émotion, bien souvent maîtresse de la raison (Hume, 2004) (Beauchamp, 2009), dicte ses règles à qui veut bien tendre l’oreille et montre la voie aux esprits curieux. “I don't want to be at the mercy of my emotions. I want to use them, to enjoy them, and to dominate them” dirait encore Oscar Wilde. Mais n’a-t-on pas les émotions que l’on mérite? 

Ancien footballeur professionnel des Girondins de Bordeaux puis membre du Comité Exécutif d’une grande banque d’Aquitaine, Patrick Chanceaulme est à l’initiative du Horse-Concept en France et dirige PCH-Concepts depuis 2005. Au contact du cheval, il révèle le manager, ses failles face à son rôle de leader, son potentiel émotionnel, sans pour autant déprécier ses besoins en ressources logiques et rationnelles. Et devinez, qui souffle ses forces et travers à l’oreille du dirigeant ?  L’animal… Le cheval dépourvu de capacités de calcul – son cerveau logique (néocortex) étant bien moins développé que celui de l’être humain – offre à l’individu un éblouissant miroir de ce qu’il est ou de ce qu’il fait, en situation d'exercice de son autorité et dans son rôle de manager. Autre particularité du cheval, son cerveau émotionnel (limbique), très développé, qui lui permet de parfaitement ressentir les émotions et les intentions de l’humain et de capter ainsi tous les signaux pour mieux les révéler aux yeux de l’homme.

"Le cheval ne cherche pas à plaire, à servir, à manipuler…il en est totalement incapable. Il a donc la faculté extraordinaire de nous renvoyer une image réelle de nous-mêmes et de nous aider à adopter des comportements d’autorité naturelle qu’il recherche lui-même pour se sentir en confiance et s’exprimer pleinement"

Patrick Chanceaulme est un expert APM , il finalise l’écriture du livre "Les entraîneurs sont-ils entrainés ?"  destiné notamment aux dirigeants de club, aux éducateurs sportifs, ainsi qu'à tous les managers d'entreprise qui aiment le sport. Les entraîneurs seraient-ils des emotional cripples?

 

Références

Beauchamp, T. (2009). David Hume: A Dissertation on the Passions; The Natural History of Religion Critical. (OUP Oxford).

Hume, D. (2004). A Treatise of Human Nature New edition. (Dover Publications Inc.).