Gilles Babinet

Quand on me parle de singularitéje plonge.

Le sujet est pourtant controversé et les interrogations restent prégnantes, mais qu’importe, le fait d’évoquer le concept marque une ouverture d’esprit qui éveille ma curiosité, immanquablement.

Gilles Babinet l’évoque donc dans son premier livre : « L’Ere numérique, un nouvel âge de l’humanité », comme un moteur de sa réflexion où « chacune des heures que nous allons vivre pourrait bien appartenir à un temps sans comparaison possible avec aucun autre dans l’histoire ». Il évoque « trois inflexions majeures dans l’histoire de l’humanité au même titre que l’invention de l’écriture…et l’invention de l’imprimerie ». Mais cette troisième révolution, celle du numérique, sera sans pareille de par la rupture de paradigme essentielle qu’elle offrira à l’humanité impliquant son lot de destruction créatrice – chère à Joseph Schumpeter – s’agissant d’innovation majeure.

Gilles Babinet est « Digital Champion » selon Fleur Pellerin, serial entrepreneur de 9 entités depuis 1989, dont Eyeka, MXP4, Digibonus et plus récemment Captain Dash co-fondé avec Bruno Walther (ex Ogilvy). Captain Dash organise son expertise autour de l’analyse du « Big Data », autre sujet qui lui tient à cœur.

L’auteur s'applique dans l’exercice en déclinant son analyse à cinq cadres dont les mutations boulverse(ro)nt inexorablement nos vies : i) la connaissance et les gains d’opportunités, ii) l’éducation, iii) la santé, iv) l’industrialisation et la production, v) l’état.

Dans les grandes lignes, la connaissance fait référence à l'intelligence collective permise par le crowdsourcing où le savoir de tous cerveaux connectés permet de formidables réalisations comme celle de Jimmy Wales fondateur de Wikipédia. La connaissance fait aussi référence au Big Data et aux enjeux à venir quant au moyen d’exploiter toutes ces données produites par le plus grand nombre et accessibles à tous.

L’éducation évoque les MOOCs et la révolution qu’ils impliquent comme illustrée par Udacity.

La santé revient sur la singularité, sans parler d’immortalité comme le ferait Ray Kurzweil, mais soulignant les outils qui peuvent être mis au service des praticiens comme Watson, ce supercomputer ainsi nommé en hommage à Thomas John Watson, créateur d’IBM. Watson permettrait d’analyser toutes les données permettant de dresser le meilleur diagnostic pour le patient : symptômes, découvertes scientifiques, remarques du praticien, retours d’expérience des patients, précédents familiaux…Et puis la santé nous parle aussi des progrès de la génomique et du Quantified Self.

L’industrialisation insiste sur le fait que « le service devient partie intrinsèque du produit » et dessine le scénario de destruction créatrice extrême liée à la suprématie de la robotique au détriment de l’emploi.

Enfin, l'état ouvre la voie d’une collaboration citoyenne.

Face à cette révolution d’envergure, les risques numériques sont nombreux et de taille à commencer par la criminalité voire le terrorisme digital, Big Brother qui nous épie, l’état inquisiteur, les virus pouvant rendre la machine nuisible… Mais tout porte à croire que le coût d'opportunité – ou coût de renonciation – qui nous pousserait à faire le choix de renoncer à nous impliquer pleinement dans cette révolution numérique nous serait fatal.

La vigilance nous impose donc de ne pas mélanger les combats. Ce n’est pas tant la technologie qu’il faut réglementer mais ses usages malheureux. Ce choix posé, il nous permettra peut-être d'envisager l'avenir avec un enthousiasme non mesuré.