Agrégé d’anglais, Christian Monjou a été Chercheur et Professeur à Oxford. Il est aujourd’hui Professeur de chaire supérieure en khâgne au lycée Henri IV à Paris. Passionné par Shakespeare, Christian Monjou puise dans l’histoire, l’art et la littérature pour faire lien avec l'actualité et mieux la comprendre. 

Il est question lors de cette rencontre de leadership ; du pouvoir qui ne peut émerger sans autorité ni légitimité.

Communiquer

En matière de leadership, la communication est certainement une compétence stratégique mais aussi une compétence qui se travaille. Christian Monjou ne croit pas en l’improvisation, «le leader n’est pas dans un naturel immédiat, il est dans un naturel média» et «le très grand improvisateur est celui qui a immensément travaillé», souligne-t-il en se référant à Diderot. Ainsi, trouver le mot juste au bon moment est le fruit d’un abondant travail auquel s’ajoute le talent du naturel : «Ars est celare artem».

Il est aussi essentiel de hisser le «corps privé» au niveau du «corps public», car la question du leadership invoque à la fois le masque (institutionnel) et visage (charismatique) ; et le vrai leader est celui qui sait habilement osciller entre l’un et l’autre. Il doit en effet les doser subtilement, une hypertrophie des signes suggérant souvent une hypotrophie du sens, et par voie de conséquence un «leader cheap».

A cette difficulté s’ajoute celle du décryptage des messages, parfaitement d’actualité dans un monde à la transmission d’information fulgurante et aux média démultipliés. Le leader encode ses messages mais n’est jamais maître de leurs restitutions. On attend du leader qu’il donne du sens, absolument.

Se Réinventer

«La nourriture comme la parole ne peuvent pas servir deux fois» et il faut résister au «dur désir de durer» cher à Paul Eluard. Le leader doit savoir se réinventer perpétuellement et avoir le courage de passer de quelque chose qui est su à quelque chose qui est non su. Il doit savoir briser les routines établies avec mesure et style. Il doit communiquer sur un avenir qu’il sait rendre désirable parce qu’indispensable à la future survie et l'expansion de son entreprise.

Rester maître du temps

La maîtrise du temps est une notion clé. Le leader doit lever pour lui-même et pour les autres la tyrannie terroriste de l’instantané. Le temps est son principal contre-pouvoir. Le leadership surfe sur une ligne de crête qui ne s’abandonne ni au retard, ni à la précipitation et le leader est celui qui ne cède jamais à l’instantanéité crispée.

Enfin, à ces premières compétences doivent s'y rajouter mille autres, telles qu'une intelligence intellectuelle et émotionnelle vive, un sens de l’organisation sachant recruter la différence, une vision stratégique partagée et un art du compromis intègre…

Et s'il venait à manquer des quelques qualités usuelles requises, charge à lui de se connaître parfaitement et d'identifier ses défaillances : «la qualité n'est-elle pas l'envers d'un défaut contrôlé et le défaut, lui-même, l'envers d'une qualité contrôlée».

Christian Monjou est un expert APM